La Shoah de Monsieur Durand
essai (Gallimard, 2015)
« Ce bref essai, précis et cinglant, éclaire avec intelligence ce qu’est en train de vivre la quatrième génération de Juifs après Auschwitz. La première génération s’est refermée sur ses horribles secrets, la deuxième a vécu dans le silence obligé (on ne devait pas « en parler »), la troisième génération a tenté de façon parfois maladroite et excessive de déterrer ces secrets en mettant la Shoah au centre de tout. La quatrième génération est en train de tenter une rupture avec ces attitudes. La Shoah, soixante-dix ans après, entre dans le domaine public, certains bravent l’interdit de la fiction, d’autres osent clamer qu’il est temps de passer à autre chose. Pourtant, elle est toujours là, rien ne l’effacera… Le rapport à la mémoire est extrêmement complexe. Après le temps de l’oubli, puis le temps du souvenir obsessionnel, désormais il faut vivre : les derniers rescapés des camps disparaissent peu à peu, bientôt plus personne ne pourra parler de la Shoah « de l’intérieur ».
Petite fille de déporté, Nathalie Skowronek aborde le sujet avec une verve salutaire, à la fois pleine de respect et irrévérencieuse. Elle évalue le risque, par la mise à distance de la Shoah, de favoriser l’antisémitisme ou l’opposition à l’existence d’Israël, mais choisit de l’assumer. Il n’y a là aucune volonté de provoquer, plutôt l’envie d’exprimer un sentiment profond, de faire partager une réflexion délivrée de toute contrainte mémorielle, et d’engager un débat. »
Lauréate du prix Lucien Malpertuis 2015 de l'Académie royale de langue et de littérature française